lundi 13 juillet 2009

Bollywood



A propos de Bollywood. En France, les films Indiens ne sont que peu connu et on se moquera allègrement de tout ce qui ne ressemble pas à un film d'auteur (les films de Satyajit Ray, connus des cinéphiles et un peu du grand public, Guru Dutt ou autres Bimal Roy et Ritwik Ghatak, chefs de file de la Nouvelle Vague Indienne). Ainsi, on regarde un film de Bollywood pour les scènes de danse et pour se marrer un coup, sans y trouver beaucoup plus d'intérêt. J'ai commencé à m'intéresser précisément à ce genre de films, et tente de comprendre quels en sont les vrais enjeux. Une question générale m'animait déjà: pourquoi?

Pourquoi le faste, l'étalage de richesses, le grandiose et le jeu très exagéré des acteurs? Pourquoi on pousse les émotions a l'extrême, et pourquoi on passe constamment d'un genre à l'autre dans le même film? Et d'ailleurs, pourquoi ce film dure 3heures?

Après avoir vu beaucoup de films, de périodes différentes, et en adoptant un œil neutre voire en tentant de me mettre dans la peau du public indien (en lisant des théories indiennes du cinéma indien), j'ai forgé la petite théorie suivante. Le public Indien a besoin que leurs films soient le plus déconnectés de la réalité possible, pour leur permettre précisément d'échapper à celle-ci. Je sais que la majorité des gens ici vivent sous le seuil de pauvreté et dans la misère. Ainsi, l'industrie de Bollywood offre a tout le monde une bonne et longue dose de rêve, avec tellement de rebondissements et une telle variété d'humeurs dans le même film qu'ils échappent complètement a leurs vie quotidienne par le divertissement. Puis le film sort dans la rue par la musique, qui leur permet de revivre un peu de ce rêve. Les gens qui me chantent des chansons ici plissent les yeux, ou regardent vers le ciel.

En arrivant a Mumbai, j'ai compris ce besoin d'échapper à la réalité. Deux jours m'ont suffit pour en avoir marre de la pollution, le bruit constant, et l'impressionnante et omniprésente surpopulation. J'y étais préparé (par mes nombreuses lectures), mais la vivre est une expérience qui me fait comprendre les choses nettement mieux.

En plus, on note que, alors qu'il est connu que l'industrie Bollywoodienne est la plus importante au monde avec plus de huit-cents films par ans, ce chiffre ne se vérifie pas sur le terrain. En effet, le public indien est loin d'être dupe, et ce ne sont qu'une dizaine de film par an qui font de réels bénéfices. Exemple d'actualité, le dernier film avec Akshay Kumar et Kareena Kapoor, Kambakkht Ishq, ne remboursera pas ces Rs 70 crores (Rs 1 crore = 10 millions de rupees) car c'est un massacre! Après avoir empoche un impressionnant Rs 19 crores dans la première semaine (Le film était très attendu comme le grand retour en forme d'Akshay), le bouche a oreille et les critiques sans pitié ont démolis la réputation du film et dès la deuxième semaine les toutes les séances a Mumbai étaient vide! Cinq personnes étaient présentes à la séance à laquelle j'ai assisté... dont moi. Je ne ferais pas ici la critique du film ; Je veux juste donner un exemple de la lucidité critique du public indien.

Dans ma quête de Bollywood, je me suis rendu a "Film City", dans le quartier de Goregaon, pour essayer de rencontrer des acteurs, réalisateurs et assister à un tournage. Bollywood n'était pas au rendez-vous malheureusement, et je n'ai pût assister qu'à une émission TV de compétition de danse. Rentrant un peu dépité le soir, je me rend dans un bar avec quelques amis et tombe sur une fille américaine qui s'est fait approchée par un type qui cherche des extras pour jouer dans un téléfilm. La fille n'est pas intéressé, elle me file donc la carte du mec, Amjad Khan, qui stipule "Bollystar, specialize in Western people". Un coup de file le lendemain me rencarde sur le plateau de tournage de "Un hazaro ke nam" ("Au nom de milliers") par Siddhart Sen Gupta, un téléfilm sur les attentats de Mumbai en Novembre 2008. On pourra m'y voir dans la scène de mariage en train de discutailler un verre a la main, puis en train de courir partout après l'explosion d'une bombe . Le tournage a duré de dix-neuf heures à cinq heures du matin et j'ai été payé Rs 500. C'était très amusant.



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