mercredi 12 août 2009

Hindouisme



L'Hindouisme n'est pas une religion ; c'est une philosophie. M'assure-t-on au resto Chinois du coin, sur Waterloo street. Ou les retraités viennent plus pour accompagner leurs bières d'un déjeuner (léger) que l'inverse.



Pas de cours de religion ici, mais un condensé de ma discussion avec un octogénaire, suivi de quelques observations faites sur le terrain.

L'hindouisme décrit la vie et la mort comme faisant partie d'un système universel. L'univers est une unité cosmique, dont l'intemporalité se cache derrière les apparences de la vie de tout les jours. Le monde physique fait d'atomes est régi par une puissance supérieure mystique qui fait que tout a une destinée spécifiée par avance. Ainsi, chaque homme est sur terre pour accomplir la destinée qui lui a été alloue, et s'il ne parvient pas a découvrir ce pourquoi il est fait, il se réincarnera pour continuer sa quête. Atomes, protons, neutrons, électrons font tous partie de ce schéma et encouragent l'accomplissement des destinées. Le concept de bien et de mal, lui, se forge par instinct, selon les personnes. Les actions d'une personne seront mauvaises si elles sont jugées comme telles par une autre personne. De plus, nous sommes ce que nous étions hier et le resteront demain. On retrouve la la notion d'âme éternelle chère aux dévots de Krishna. Merci pour le libre-arbitre!

La religion hindouiste est complètement irationalisable, et de ce fait nous emporte a des lieux de nos traditions Occidentales cartésienne rationaliste (Descartes, Spinoza) et empirique (Locke, Hume, Berkeley). Alors que nous prenons comme point de départ de compréhension du monde la toute-puissante raison, l'Hindouisme comme philosophie décrit une forme de connaissance qui est au-delà de la raison, une réalité ultime. Au temple ISKCON par exemple, les enseignements sont dispensés par l'Institute of Higher Consciousness. La connaissance du vrai ne s’atteint non pas par des expérimentation répétées et l'étude des relations de cause à effet, mais par des années de méditation, prières, et une foi aveugle (pour nous, car irationalisable) en un autre monde, au delà du notre, qu'on espère atteindre en traversant les quatre grandes étapes de la vie spirituelle: en étant tour a tour étudiant (principalement étude des Vedas), maitre de maison (vie de tous les jours, accomplissement du bonheur matériel et expérience du plaisir, sacrifice du bonheur individuel immédiat pour le bonheur de sa famille), homme de la forêt (se retirer des distractions de tous les jours pour entamer l'éveil spirituel) puis finir en ermite (Sannyasa) par se couper totalement du monde extérieur et communier avec le spirituel. Dictature des sens contre méditation. En bref, la philosophie Hindouiste nous est difficile a appréhender car elle ne rentre pas dans notre compréhension rationaliste. La spiritualité orientale ne rejette pas la raison, mais la transcende.

De même qu'artistiquement admirable, l'iconographie Hindouiste et la dévotion au nombreux dieux de cette religion serait en faite en contradiction avec les fondements qui en sont a la base, et qui dicteraient de n'adorer aucune divinité ou icône. Enfin c'est comme avec toutes les religions, les principes fondateurs sont souvent éludés et on ne lit dans les textes sacrés que ce qu'on a envie de lire (Jésus dit d'aimer son voisin comme soi-même et de tendre l'autre joue ; Je connais peu de famille catholiques qui appliquent ces principes, la peur du voisin étant très présente dans notre société). Les textes fondateurs sont les Vedas, ou écritures védiques, dont le plus vieux, le Rig-Veda, a été écrit entre 1500 et 900 avant J.-C., ce qui en fait le plus ancien ouvrage de philosophie ou de religion. Les Vedas rassemblent en une œuvre des quantités d'histoires de Dieux, de croyances et de mythes, dont certains datent de quelque cinq-milles ans avant J.-C. Le système des castes, grossièrement mis en place dans les Vedas, puis dans les Upanishad (qui closent la période védique), et bien d'autres pratiques, sont décrites dans les écrits épiques du Ramayana et du Mahabharata entre 800 et 200 avant J.-C. Et ce sont ces derniers qui sont pris comme références aux pratiques religieuses d'aujourd'hui, plutôt que les textes sacrés, les Vedas.

A l'origine, le système des castes a été inventé par les envahisseurs Aryens pour maintenir les locaux en place, en les appelants "Dasas" (esclaves). La hiérarchie karmique s'est ensuite développée en plaçant, dans l'ordre de haut en bas, les Brahmanes (prêtres), Ksatriyas (nobles-guerriers), Vaisyas (marchants-fermiers) et les Sudras (servants), et bien d'autres sous-castes (les charpentiers, les nettoyeurs etc.). Les intouchables, eux, sont en dehors de cette hiérarchie. On note qu'il n'est pas certain que ce système de caste fût encouragé par la religion, et les entraves aux système étaient nombreuses, entrainant parfois la formation de nouvelles castes. Dans les faits, il semble clair que le système de caste était plutôt un moyen de maintient des rapports de pouvoirs socio-économiques.

Bien que d'un charme exotique inestimable pour l'observateur, ces pratiques religieuses sont un gouffre de temps, d'argent et d'énergie au quotidien, pour la société toute entière. Autant de temps et d'argent qui n'est pas alloué à l'amélioration des infrastructures (routes...), au nettoyage et maintient des espaces publiques, et plus encore: a l'éducation. Pour ne citer que trois des problèmes majeurs de l'Inde, dans les grandes villes et a fortiori en zones rurales. Quel est le coup réel de l'irrigation pour atténuer la dépendance des agriculteurs aux intempéries, et surtout à la quantité de la mousson d'une année sur l'autre? Les pratiques religieuses sont complètement détachée d'utilité sociale réelle. Au contraire, les superstitions innombrables gangrenent la vie de tous les jours, imposant une quantité de règles et substituant a l'éducation des jeunes.

1 commentaire:

  1. Vu le faible investissement critique de la part des lecteurs de ce blog, je tiens a emettre une auto-critique a ma propre encontre au sujet de cet article. Un tel jugement porte sur la religion d'autrui me semble quelque peu irrespectueux. De surcroit, je trouve bien hatif de conclure que la religion Hindouiste en Inde "substitue", pour certains, a l'education. Ces deux grandes questions sont tres differentes et il est inapproprie de les lier soudainement pour dire que les pratiques religieuses entravent ou affaiblissent l'education des jeunes.

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